Par Julia GISCARD, Notaire
Depuis plusieurs années, le PACS est privilégié par de nombreux Français. Cet intérêt s’est accru au fil des ans par la volonté du législateur d’en faire un véritable mode de conjugalité sur le long terme en garantissant notamment au partenaire survivant certains avantages accordés jusqu’à présent aux seuls époux : droit temporaire au logement, transfert de la titularité du bail, exonération de fiscalité en cas de décès.
Toutefois, contrairement au mariage, le Code civil ne confère pas au partenaire survivant de vocation successorale légale. Pour pallier cette carence, une solution avait été trouvée par la pratique notariale : coupler le contrat de PACS d’un testament en léguant par exemple l’usufruit, donc la jouissance, de tout ou partie du patrimoine du défunt à son partenaire.
Ce legs avait l’avantage de protéger le partenaire survivant en lui garantissant la jouissance de sa résidence principale sa vie durant, sans léser les enfants du couple ou les enfants nés d’une précédente union, ces derniers ayant vocation à recueillir automatiquement l’intégralité du patrimoine du défunt au décès de l’usufruitier sans formalité ni fiscalité.
Oui mais voilà, un arrêt de la Cour de cassation en date du 22 juin 2022, a atténué l’efficacité de cette technique en entérinant l’imputation en assiette des libéralités en usufruit plutôt qu’une imputation en valeur.
Il s’en suit que le legs en usufruit consenti au partenaire survivant pourrait, en fonction de la composition du patrimoine du défunt, ne pas pouvoir s’appliquer sans qu’une indemnité de réduction soit due aux enfants du défunt pour garantir le respect de leur réserve héréditaire (pour rappel, la réserve héréditaire est une quote-part de la succession revenant impérativement aux descendants du défunt, son montant variant en fonction du nombre de descendants).
A titre d’exemple :
Benoît et Suzanne son pacsés et ont un enfant commun, Jean âgé de 32 ans. Leur patrimoine indivis est composé : d’un appartement situé à Paris d’une valeur de 800 000,00 € et d’actifs financiers divers d’un montant total de 200 000,00 €.
Sur les conseils de leur Notaire, ils ont établi en 2017 un testament en se léguant mutuellement l’usufruit de la résidence principale, garantissant ainsi au survivant d’entre eux la possibilité de se maintenir dans les lieux sans avoir à payer d’indemnité d’occupation et de percevoir les loyers en cas de mise en location de celui-ci.
Benoit décède et laisse ainsi dans sa succession les biens suivants :